"Le céleri rémoulade était dégueulasse et ma femme vraiment
trop mauvaise cuisinière. Je n'en pouvais plus, j'ai tiré"...
Du bon côté du flingue, il y a "le patron", gros viticulteur bourguignon,
la cinquantaine bien sonnée. Il lui reste deux passions dans la vie :
son rouge maison et les nourritures terrestres qui vont avec.
Sur ce dernier point, monsieur est particulièrement pointilleux;
d'où son geste tardif, regrettable mais assumé.
Viviane prend le chemin d'une cuve de macération.
Officiellement, elle est partie au Rwanda s'occuper d'un orphelinat.
Et le patron commence à se nourrir au resto du coin.
Ça va cinq minute.

Heureusement ou pas, il croise Aline, une paumée moitié SDF,
qui a le bon goût d'être excellente cuisinière.
Les voilà qui cohabitent, en tout bien tout honneur.
Car mademoiselle est lesbienne et le patron pas porté sur la gaudriole.
Tout est pour le mieux... jusqu'au artichauts à la barigoule. Ratés.
Les feuilles noircies, pas les bons champignons et en plus sans lard fumé.
Fureur de monsieur, qui sort son feu pour la deuxième fois en un mois.
Pas de chance. Car Aline est bonne cuisinière mais aussi une bonne tueuse,
et pas seulement de volaille ou de gibier.

Là, on est à la moitié du petit polar de Chantal Pelletier, "Tirez sur le caviste".
La suite est du même tonneau si j'ose dire, mais en pire.
C'est très, très bon, cynique ou possible, politiquement et moralement
incorrect et par ailleurs très joliment écrit. En plus, ça fait 94 pages.
Que demande le peuple ? Rien. Ah si ! Une jolie couverture.
Le peuple est exaucé. "Tirez sur le caviste" est paru dans la fort jolie
collection "Suite noire", petite fille de la Série noire cartonnée.
C'est aux éditions "La branche" et ça permet de bien commencer l'année polar.

Bernard Poirette (sur RTL le lundi 8 janvier)